Mercredi 14H30

Anne-Laure Pigache

Je reste fascinée par notre capacité de parole et la simplicité avec laquelle nous la mobilisons, oubliant la multiplicité des capacités cognitives, perceptives, mémorielles, musculaires… qu’on enchevêtre pour pouvoir parler.
Fascinée par ce que les sonorités de la voix et les échappées du corps parlant transmettent au-delà des mots et de la grammaire
Fascinée par le commun de ce « matériau » que nous maintenons vivant tant que nous parlons, alors même que chacun l’alimente en l’exerçant avec un style très personnel. La langue nous fabrique intimement mais elle n’appartient à personne. Par nos manières de parler nous y logeons notre singularité, notre intimité, notre identité (aussi multiple soit-elle), et pourtant les mots qui passent par ma bouche sont déjà passés par la tienne il y a longtemps.
Fascinée par la puissance relationnelle de la parole qui peut tout autant détruire que sauver, émerveiller qu’ennuyer, manipuler qu’émanciper, et toujours qui convoque…